Collection D’autre part
Dessins de Benjamin Monti
14 x 19,6 cm
89 pages
ISBN : 978-2-491462-40-6
Parution : avril 2022
15 €
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La vie est intraitable. On se cogne aux barreaux de la réalité. On circule dans un monde instable et menaçant.
On croise des personnages hostiles. On affronte des péripéties tour à tour burlesques et brutales. L’amour lui-même
n’est pas une sinécure. Les rêves se désagrègent. On se réveille avec la gueule de bois. On se défait en mille morceaux.
Mais on rassemble ses abattis pour tenir vaille que vaille dans un pays pourtant phénoménal.
Pascal Leclercq pratique l’humour noir comme une forme de survie et le poème en prose comme un sport de combat.
Reste la vie que j’avais cru si douce, – et qui dans mon dos
fourbissait ses armes. Reste la possibilité de partir, restent les
devantures des magasins de luxe, devant lesquelles on reste
pour rester. Reste le restant dû, qu’il faudra bien solder un jour
ou l’autre, les amis qui resserrent les liens, qui ne lâchent rien
mais qui restent impuissants. Restent les mains, les pieds, les
corps de nos enfants en devenir, restent les têtes bien faites,
reste le souvenir des jours passés à s’étreindre, d’une peau qui
frémit au premier soleil du matin. Reste un son venu tout droit
du désir de vivre et le cœur qui s’emballe à la vue d’une nuque,
ou de la silhouette aimée. Restent les soirs passés à t’attendre la
nuit, restent les nuits passées à attendre le jour, restent les derniers jours. Reste une envie aiguë, ou pas du tout aiguë, plus du
tout affûtée, reste une faim qui s’aiguise en mangeant. Restent
les verres, les couverts, les assiettes et les tasses, reste tout ce
qui reste et dont on ne veut pas. Restent des torrents de colère
et de tristesse, qui affluent alors qu’on ne les attend pas, reste le
regret d’avoir regretté, le remords d’avoir remué, reste la déception de n’avoir pas été. Reste ce qu’on veut oublier, ce qui ne
se laisse pas oublier, alors que je reste avec toi, avec ce qu’il me
reste de toi, alors que reste en moi ce qui de toi n’est plus.
▸ Recension
« Recoudre le corps du vivant », par Rony Demaeseneer (le Carnet et les Instants)
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