Peintures d’Aaron Clarke
14 x 19,5 cm
64 pages
ISBN : 978-2-918220-51-0
Parution : 2017
14 €
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La poésie de Laurent Albarracin s’ancre dans la matière concrète de la vie. Nous disons « matière » car sa poésie est reliée à la matière,
aux « choses », aux objets, aux broussailles.
Les broussailles nous évoquent bien plus que ce qu’elles sont. Elles sont épaisses, griffantes, elles déchirent la lumière, découpent le visible, le réel ; elles
nous répondent : si l’homme n’est jamais évoqué, les broussailles s’adressent quelquefois à quelques parties de l’homme, un pied, un visage, un doigt, des pattes :
Quand l’éloignement fait du surplace
ou quand la panique patine
c’est la broussaille
c’est-à-dire que c’est
une petite pluie batteuse
et moissonneuse de vide
qui vous frappe le visage
une entrave d’herbes
qui vous reste entre les pattes
Le poète semble retourner, renvoyer dos à dos, ou face contre face, les effets, les sursauts, les désirs et les non désirs. Il y a un jeu de miroir, par la verticale, qui se donne :
l’existence est peut-être un jeu de rebonds du bas vers le haut mais aussi du haut vers le bas, une balle perpétuelle qui rebondit et touche ses opposés.
La broussaille n’est pas une chose
mais l’état de cette chose pourtant
elle n’est comme chose
que le désordre de cette chose
elle n’a pas de réalité claire
elle n’a de réalité qu’assombrie
de sa broussaille
dès lors comment parler de cette chose
qui n’est pas une chose
mais la friche de cette chose
devant la parole ?
C’est une vision du monde avec d’autres vertus, d’autres réalités, pour le montrer tel qu’il est : « L’imagination est la reine du vrai », écrivait Baudelaire.
C’est, avec Broussailles, pleinement vrai.
▸ Recensions
Lecture de Jacques Morin (Texture)
Lecture de Lucien Wasselin (Recours au poème)
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